Obliquité de l’être empâté
Soutine, De Kooning et Falque
DOI:
https://doi.org/10.14195/0872-0851_62_11Palavras-chave:
empâtement, pensée incarnée, Soutine, de Kooning, Falque, Hors phénomène, esthétique, obliquitéResumo
On essaiera d’élaborer dans cet article une réflexion autour de l’expérience esthétique, plus précisément une phénoménologie de l’oeuvre d’art (Soutine/de Kooning), en dialogue avec la pensée d’Emmanuel Falque. Même si le philosophe français n’a pas encore consacré une oeuvre autonome à la question esthétique ou à une philosophie de l’oeuvre d’art en tant que telle, le fait est que cette réflexion apparaît abondante et éparse dans ses différents écrits. Parmi d’autres, Francis Bacon et Lucian Freud sont les artistes de prédilection de Falque, car tous deux seraient ceux qui se rapprocheraient le plus de sa thèse philosophique de fond. La préférence pour le figuratif, ce qui en nous résiste à la phénoménologie, l’incarnation tout court, rapprocherait ainsi le concept philosophique et l’intuition artistique. Cependant, entre la pensée figurée et la pensée non figurée ou abstraite, n’y a‑t‑il pas une autre possibilité de les penser ensemble, sans avoir nécessairement à donner la primauté à l’une ou à l’autre ou à les antagoniser? L’idée d’une pensée incarnée oblique (figuration‑abstraction, résistance‑déflagration, parole‑silence), ou de l’être diagonal/oblique empâté (présence en absence, matérialité transcendantal métamorphosé, ontologie indirecte), pourrait constituer une troisième voie pour penser aussi les grandes questions philosophiques entre réalisme et idéalisme, immanence et transcendance, visible et invisible, métaphysique et phénoménologie. En ce sens, l’oeuvre artistique de Chaïm Soutine et de Kooning peuvent être l’expression esthétique d’une pensée incarnée, en tant que voie primordiale d’accès à l’être, au monde et aux autres ; de la jonction en acte du figuratif et de l’abstrait, comme si de multiples possibilités ou dimensions d’être habitaient le même être (l'articulation de l'en-soi et de l'hors de soi, folie et normalité, rêve et réalité…). Ce n’est pas un hasard si tous deux ont fait l’objet d’une exposition conjointe, à partir de laquelle nous proposons cette réflexion, en dialogue avec la pensée d’Emmanuel Falque sur la finitude, que son dernier livre radicalise. Notre thèse, fondée sur ces deux artistes, vise à affirmer que, qu’il soit figuratif ou abstrait, l’art part d’une dimension matérielle inaliénable, c’est‑à‑dire d’une dimension sensible, l’être (corps) empâté, au point que l’on peut dire que Hors phénomène maintient en soi cette possibilité d’articulation entre présence à soi et hors de soi, distance et proximité, immanence et transcendance, même si l’on entrevoit ici et là une préférence ontologique pour le figuratif. Cependant, à notre avis, ce qui rapproche la philosophie falquienne et le travail des deux artistes est le fait qu’elles sont l’expression d’une pensée incarnée, que ce soit par l’expérience conceptuelle (philosophie) ou par l’expérience perceptive (esthétique).
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